Allocution d'Emmanuel Macron : "ambition claire" selon la majorité, intervention "déconnectée" pour les oppositions

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Fronton de l'Assemblée nationale
par Soizic BONVARLET, le Lundi 17 avril 2023 à 16:08, mis à jour le Vendredi 21 avril 2023 à 11:31

Apaiser le pays et tourner la page de la réforme des retraites en fixant des perspectives pour la suite du quinquennat, c'était l'objectif de l'allocution télévisée du président de la République, ce lundi 17 avril à 20h. Immédiatement, les responsables de la majorité et des oppositions à l'Assemblée nationale ont réagi à l'intervention d'Emmanuel Macron. Tour d'horizon des principales réactions.  

Emmanuel Macron est-il parvenu à panser les plaies ouvertes par la réforme des retraites et à tracer des perspectives de nature à apaiser le pays ? Les élus de la coalition présidentielle à l'Assemblée nationale n'ont en tout cas pas hésité à saluer l'allocution du chef de l'EtatÀ commencer par la présidente des députés du groupe "Renaissance", Aurore Bergé, qui a estimé qu'Emmanuel Macron avait fixé "une ambition claire pour la France et les Français". 

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Les oppositions ont évidemment un avis bien différent. Marine Le Pen, l'une des premières à réagir sur Twitter, a fustigé une "pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir" qui annonce, selon elle, "la poursuite d’un Quinquennat de mépris, d’indifférence et de brutalité dont il faudra sortir par les urnes". "Par l’annonce du retrait de la réforme des retraites ou du référendum, Emmanuel Macron aurait pu ce soir retisser le lien avec les Français. Il a choisi de nouveau de leur tourner le dos et d’ignorer leurs souffrances", a aussi estimé la présidente du groupe "Rassemblement national" au Palais-Bourbon. 

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Le président des Républicains et député Eric Ciotti, qui avait soutenu la réforme des retraites et appelé vendredi à respecter la décision du Conseil constitutionnel a, pour sa part, accueilli "avec scepticisme" ce qu'il a qualifié de "catalogue de vœux pieux, certes louables, mais très peu concrets". "Emmanuel Macron donne le sentiment qu’il commence son mandat alors qu’il est élu depuis six années à la tête de l’État", a-t-il aussi considéré. 

Issu du même parti, mais opposant à la ligne majoritaire sur la question des retraites, Aurélien Pradié a pour sa part fustigé "l'ignorance" d'Emmanuel Macron et "la crise profonde" qui en découlerait. "Comment ignorer à ce point le pays que l’on préside ?" s'est indigné le député, estimant que pour le chef de l’État, "la vie des Français est une réalité parallèle".

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"On ne s'attendait pas à grand chose et malheureusement on avait raison, un grand numéro d'autosatisfaction et le déni total de la réalité !", a de son côté critiqué Bertrand Pancher. Le président du groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires, qui avait été à l'initiative de la motion de censure contre le gouvernement d'Élisabeth Borne le mois dernier, indique aussi se raccrocher à "l'espoir que le RIP sera cette fois-ci validé par le Conseil constitutionnel". En effet, après l'invalidation de la première procédure de référendum d'initiative partagée, vendredi dernier, le Conseil constitutionnel se prononcera sur une nouvelle demande des parlementaires de gauche le 3 mai prochain.

Pourquoi nous a-t-il dérangés ce soir ? Boris Vallaud

"Convoquer les Français pour ne rien leur dire, je trouve cela assez sidérant" a, quant à lui, taclé Boris Vallaud auprès de LCP. "Alors, il peut dire les choses sur un ton apaisé, mais il n'empêche qu'il évacue en quelques minutes la plus grande contestation sociale depuis 50 ans", regrette le président du groupe "Socialistes" à l'Assemblée, anticipant de la part des Français, "si ce n'est de la colère, à tout le moins de l'incompréhension". "Pourquoi nous a-t-il dérangés ce soir ?", fait mine de s'interroger Boris Vallaud. 

"Entre 'Je te promets' et 'The Crash', finalement, le programme TV de ce soir est un bon résumé de l’interview d’Emmanuel Macron..." a préféré ironiser le secrétaire national du Parti communiste et député Fabien Roussel, en référence à la grille des programmes cathodique de la soirée, avant d'estimer que "ceux qui n'ont pas écouté n’ont rien perdu".

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"Bon ben. Rien", a simplement tweeté Sandrine Rousseau à l'issue de la prise de parole d'Emmanuel Macron. Un peu plus tôt, la députée écologiste avait, par ailleurs, réagi aux appels à manifester à 20 heures devant les mairies en faisant tinter des casseroles, s'inspirant de formes anciennes de contestation populaire, dont les charivari. "C’est beau un concert de casseroles. C’est le bruit d’un peuple qui désobéit et ne se soumet pas", avait lancé Sandrine Rousseau.

"Il n'y a plus qu'Emmanuel Macron pour croire en Emmanuel Macron" a, quant à elle, tweeté Mathilde Panot. "Le Président bunkérisé n'a rien à offrir au pays. On préfère volontiers le bruit des casseroles à ses mots creux", a ajouté la présidente du groupe "La France insoumise" qui, à l'instar de plusieurs représentants syndicaux, appelle de ses vœux une mobilisation sociale qui trouverait une forme de paroxysme dans la fête du travail. Et de conclure : "Le 1er mai, on lui rappelle qu'on ne gouverne pas contre le peuple". 

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