Émeutes : à l'Assemblée, Elisabeth Borne appelle à "l'unité nationale", reprochant à LFI et au RN de faire l'inverse

Actualité
par Soizic BONVARLET, le Mardi 4 juillet 2023 à 20:20, mis à jour le Jeudi 6 juillet 2023 à 14:54

Lors de la séance des questions d'actualité, mardi 4 juillet, la quasi-totalité des questions posées a porté sur les révoltes urbaines qui ont eu lieu depuis la mort de Nahel, 17 ans, survenue la semaine dernière. Les députés, à commencer par les présidents des groupes politiques de l'Assemblée, ont selon les cas interrogé ou interpellé le gouvernement sur les causes et les réponses à apporter à ces événements.

Une séance presque entièrement consacrée aux émeutes urbaines de ces derniers jours. Mardi 4 juillet, lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, 26 questions sur 28 ont porté sur les causes, les conséquences et les réponses à apporter aux événements qui ont eu lieu depuis la mort du jeune Nahel, causée par le tir d'un policier durant un contrôle routier à Nanterre, le 27 juin. 

Autre caractéristique de cette séance, neuf présidents de groupe, sur les dix groupes politiques que compte l'Assemblée, ont interrogé directement la Première ministre, l'usage voulant que celle-ci réponde elle-même, et non un autre membre du gouvernement, aux chefs de file des groupes parlementaires. Rétablissement de l'ordre républicain et réponse pénale, politique de la ville et reconstruction, relation entre la police et la population... Au fil de la séance, la plupart des aspects liés aux événements de ces derniers jours ont été abordés.  

Première à interroger Elisabeth Borne, la présidente du groupe "La France insoumise", Mathilde Panot, est revenue sur la mort du jeune Nahel. "Comment un jeune de 17 ans peut-il être tué par un policier en République française ?", s'est-elle aussi indignée, accusant le gouvernement de ne poser "aucun acte politique" en réponse aux violences exercées par des représentants des forces de l'ordre, voire d'entretenir un "déni".

Tweet URL

"Comme vous, j'ai été émue et choquée par la mort d'un jeune de 17 ans, la semaine dernière à Nanterre. Je l'ai dit au Sénat, très clairement, dès mercredi dernier", a commencé à répondre la Première ministre, avant de se montrer plus offensive. "Quand vos députés rejettent tout appel au calme, vous sortez du champ républicain", a notamment déclaré Elisabeth Borne, accusant La France insoumise d'"instrumentaliser un drame".

Tweet URL

Interpellée sur la réponse pénale par le président du groupe "Les Républicains", Olivier Marleix, Élisabeth Borne a par ailleurs réaffirmé "le refus de l'impunité" déjà exprimé par l'exécutif ces derniers jours, évoquant notamment "près de 4000 personnes" interpellées depuis le début des violences, et "des peines lourdes [qui] ont été prononcées, notamment de la prison ferme avec mandat de dépôt". La cheffe du gouvernement a également estimé souhaitable que des sanctions pénales puissent être prononcées contre "des parents qui laissent leurs enfants de 12, 13, 14 ans, traîner le soir, mettre le feu à nos mairies, à nos commissariats", avant d'indiquer que le garde des Sceaux adresserait "dans les prochaines heures", "une circulaire sur le traitement des infractions commises par les mineurs".

Depuis que des violences inadmissibles ont éclaté, nous avons travaillé sans relâche au maintien de l'ordre républicain sur tout le territoire avec une volonté : le refus de l'impunité. Élisabeth Borne

La Première ministre a également indiqué, en réponse cette fois à une prise de parole du président du groupe "Démocrate", Jean-Paul Matteï, que les collectivités territoriales seraient "accompagnées", afin de pouvoir "rapidement remettre en état les équipements détériorés". Élisabeth Borne a ainsi annoncé que les procédures seraient "allégées" et les délais "réduits au maximum", tandis que les commerçants touchés par des détériorations "pourraie[nt] bénéficier de reports de charges fiscales", voire "d'une annulation de ces charges".

Interpellé par Michael Taverne (Rassemblement national), le ministre de l'Intérieur a pour sa part réitéré son soutien aux forces de l'ordre, avant de vanter les vertus de "l'équilibre". "Il faut se rappeler que la République est un équilibre. Oui, l'ordre juste, mais pas juste l'ordre", a indiqué Gérald Darmanin.

Tweet URL

Après que Michael Taverne ait rétorqué au ministre de l'Intérieur que Marine Le Pen serait "la seule qui répondra[it] aux problèmes de sécurité", celle-ci a posé la dernière question de la séance en demandant au gouvernement de faire son "autocritique". "Qu'avez-vous fait de la France ?" a lancé la présidente du groupe "Rassemblement national", évoquant un pays "livré à une rage incendiaire insensée". Comme elle l'avait fait en début de séance en répondant à Mathilde Panot, Elisabeth Borne a renvoyé la critique à Marine Le Pen, lui reprochant de faire "le choix de la division", qu'elle a qualifié de "poison", estimant que la France avait, au contraire, besoin d'"unité nationale".