Groupuscules violents lors des manifestations : l'Assemblée approuve la création d'une commission d'enquête

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par Raphaël Marchal, le Mercredi 10 mai 2023 à 22:54, mis à jour le Vendredi 16 juin 2023 à 14:17

A l'issue d'un débat tendu, l'Assemblée nationale a approuvé, mercredi 10 mai, la demande des groupes "Renaissance" et "Horizons" visant à créer une commission d'enquête sur l'action des "groupuscules auteurs de violences" qui ont agi lors de récentes manifestations. 

Sainte-Soline, manifestations contre la réforme des retraites après l'usage du 49.3, 1er mai... Il y a aura bien une commission d'enquête sur les violences qui ont émaillé les manifestations de ces dernières semaines. L'Assemblée nationale a approuvé, mercredi 10 mai, par 204 voix contre 47 (détail du scrutin ici), la création d'une telle instance. Cette dernière sera donc chargée de faire la lumière "sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d’action des groupuscules auteurs de violences" et sur le "déroulement des manifestations et rassemblements" qui ont eu lieu entre le 16 mars et le 3 mai 2023.

La temporalité retenue, qui avait été élargie en commission, permettra aux députés de se pencher sur les violences commises fin mars à Sainte-Soline, en marge de certaines manifestations contre la réforme des retraites, à Paris, Lyon, Nantes et Grenoble, ou encore lors du 1er mai.

L'objet de la commission d'enquête ne vise "ni les manifestants, ni les organisations syndicales, ni les organisations politiques qui ont les soutenu les manifestations", a rappelé Florent Boudié (Renaissance), rapporteur de la proposition de résolution adoptée. Il a également souligné que les travaux ne devraient en aucun cas aboutir à "trier entre les violences" : "Qu'elles viennent de l'ultradroite ou de l'ultragauche, elles restent inacceptables."

Une "tartufferie"

Sans succès, les députés de La France insoumise ont tenté d'élargir l'objet de la commission d'enquête, en le faisant également porter sur la "brutalité excessive du maintien de l’ordre" lors des manifestations contre la réforme des retraites. "Il faut investiguer sur la brutalité policière", a martelé Ugo Bernalicis (LFI). "Le vrai débat, celui que vous refusez depuis des mois, c'est celui du maintien de l'ordre" a lui aussi souligné Benjamin Lucas (Écologiste), qui a dénoncé une "tartufferie".

"Vous souhaitez une commission d'enquête sur les violences policières, parce que vous considérez que c'est d'abord la police et le gouvernement qui sont violents, et c'est inacceptable", a répondu Florent Boudié. Au cours du débat, l'atmosphère s'est peu à peu tendue et la discussion s'est transformé en dialogue de sourds. Chacun campant sur ses positions : dénonciation d'une vision tronquée de la réalité d'un côté, accusation de méconnaître le sujet du maintien de l'ordre de l'autre. 

Florent Boudié a fustigé, avec une certaine ironie, une formule utilisée par Jean-François Coulomme (LFI), qui avait évoqué des "objets échangés" au cours des manifestations. "J'imagine une machette remise entre les mains d'un policier avec amour", a raillé l'élu de la majorité présidentielle dénonçant en substance une façon de minorer les violences. 

"La Brav-M est le black bloc de Darmanin, avec le droit de frapper, en toute impunité par-dessus le marché". Ugo Bernalicis (La France insoumise)

Plus tard, Ugo Bernalicis, déplorant les stratégies d'escalade mise en œuvre, selon lui, par les forces de l'ordre, s'en est pris à une unité de police qui concentre les critiques : la Brav-M. "Ce n'est que le black bloc de Darmanin, avec le droit de frapper", a-t-il proféré, sous la bronca d'une partie de l'hémicycle. "Chaque jour, dans cet hémicycle, vous cherchez à abaisser un peu plus la fonction parlementaire", a rétorqué Aurore Bergé (Renaissance) lors d'un rappel au règlement.

Finalement, à 22h30, dans une atmosphère électrique, la demande de création de la commission d'enquête a été approuvée par l'Assemblée nationale.