Réforme des retraites : le verdict du Conseil constitutionnel vu de l'Assemblée

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par Soizic BONVARLET, le Vendredi 14 avril 2023 à 17:37, mis à jour le Lundi 17 avril 2023 à 10:51

La validation de l'essentiel de la réforme des retraites par le Conseil constitutionnel, qui a par ailleurs rejeté la première procédure de référendum d'initiative partagée, a immédiatement suscité de nombreuses réactions politiques sur les conséquences à tirer des décisions des Sages. Tour d'horizon des réactions à l'Assemblée nationale. 

Depuis trois semaines, majorité et oppositions retenaient leur souffle en attendant le verdict des Sages, dernière étape institutionnelle sur le chemin de la réforme des retraites. Jugé pour l'essentiel conforme à la Constitution, le texte va pouvoir être promulgué par le président de la République, ce qui ouvrira la voie à son entrée en vigueur.

Logiquement, mais sans triomphalisme, les députés du groupe "Renaissance" ont pris acte du feu vert du Conseil constitutionnel sur l'essentiel de la réforme, notamment le cœur du texte constitué par le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, considérant que cette décision "conclu[ai]t le temps politique et parlementaire de la réforme". "Il nous appartient désormais de travailler à l'Assemblée ntaionale avec toutes les forces politiques responsables et tous les partenaires sociaux", indique également le court texte publié sur Twitter par le groupe présidé par Aurore Bergé.

La Nupes veut "continuer le combat"

Du côté des opposants à la réforme, les réactions sont, là aussi logiquement, bien différentes. Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à l'Assemblée, les représentants des groupes de la Nupes ont, d'une même voix, averti que les décisions des Sages n'éteignaient pas la mobilisation et les arguments politiques contre la réforme. "Cela ne change rien au fait que nous pensons toujours, et que nous continuerons de penser et de redire que cette loi est injuste et inutile", a martelé la présidente du groupe "La France insoumise", Mathilde Panot.

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"Nous allons continuer le combat sous d'autres formes (...) Nous ne lâcherons rien", a abondé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, évoquant par exemple la deuxième demande de référendum d'initiative partagée à l'initiative des parlementaires de gauche, et le dépôt à venir d'"une proposition de loi qui abrogera le passage à 64 ans".

C'est une déception, ce n'est pas une reddition. Olivier Faure

Alors que le député communistre Stéphane Peu (Gauche démocrate et républicaine) a fait le pari d'"un grand rendez-vous social" au travers d'un 1er mai à venir "énorme", Sandrine Rousseau (Ecologiste) a dénoncé le "jeu de dupes" ayant consisté, selon elle, de la part du gouvernement, à avoir proposé un certain nombre de mesures dont il savait qu'elles risquaient d'être invalidées. "Tout ce que [le gouvernement] nous a vendu comme pommade pour faire passer ce texte, en fait il savait que c'était inconstitutionnel", a-t-elle accusé, faisant notamment référence à l'index seniors. Ces dernières semaines, l'exécutif et la majorité ont cependant fait savoir qu'en cas de besoin, cette mesure et d'autres, seraient rattrapées dans un prochain texte. 

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La droite appelle au respect de la décision, le RN renvoie déjà à 2027

Aurélien Pradié, en pointe de ceux qui se sont opposés à la réforme au sein du groupe "Les Républicains", a livré une interprétation similaire à celle de Sandrine Rousseau : "Six mesures ont été censurées par le Conseil constitutionnel. Plusieurs étaient présentées par le gouvernement comme des concessions. Dès le premier jour, le gouvernement savait qu’elles seraient rétoquées. Retenons la leçon : la fausse monnaie ne peut pas faire la confiance". Le député LR a cependant appelé à respecter la décision des Sages, en dépit de "la crise politique et démocratique" qui "demeure", avant d'appeler à un "sursaut politique".

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"Le Conseil constitutionnel a rendu sa décision. Toutes les forces politiques doivent l’accepter et se retrouver dans le respect dû à nos institutions" a, pour sa part, réagi par communiqué de presse, le président des Républicains et député Eric Ciotti, qui était lui favorable à la réforme, plaidant par ailleurs pour "la réunion rapide d’une grande conférence sociale".

Du côté du groupe "Rassemblement national", Laure Lavalette a également appelé à "respecter" la décision des Sages, avant d'évoquer "un espoir", consistant à "faire gagner Marine Le Pen en 2027, car elle détricotera cette réforme des retraites".

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"Si la décision du Conseil constitutionnel clôt la séquence institutionnelle, le sort politique de la réforme des retraites n’est pas scellé", avait tweeté un peu plus tôt Marine Le Pen. "Le peuple ayant toujours le dernier mot, il lui appartiendra de préparer l’alternance qui reviendra sur cette réforme inutile et injuste", écrit encore la présidente des députés RN, évoquant d'ores-et-déjà de futures échéances électorales.