Soupçons d'ingérences étrangères : l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki se dit victime d'un "lynchage médiatique"

Actualité
par Léonard DERMARKARIANRaphaël Marchal, le Mercredi 22 mars 2023 à 17:36, mis à jour le Jeudi 23 mars 2023 à 12:47

Licencié en février en raison de soupçons quant à une ingérence dans son travail, l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki, auditionné à l'Assemblée nationale mercredi 22 mars, s'est dit victime d'un "lynchage médiatique en règle". Présentant sa version des faits, il a dénoncé un "licenciement pour de prétendues fautes graves", tout en reconnaissant avoir fait diffuser à l’antenne des images fournies à sa demande par un lobbyiste. 

C'est une affaire qui a défrayé la chronique médiatique et qui entre en résonance avec le thème de la commission d'enquête "relative aux ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères". Mercredi 22 mars, les députés de cette commission d'enquête ont donc auditionné l'ex-journaliste de BFMTV Rachid M'Barki, licencié en février en raison de soupçons quant à une ingérence dans son travail

A la veille de l'audition par la même commission de Marc-Olivier Fogiel, directeur général de la chaîne d'information, Rachid M'Barki a été invité à témoigner sur les faits révélés par Forbidden Stories. Le mois dernier, ce consortium international de journalistes avait révélé, différentes opérations de désinformation effectuées par une entreprise israélienne ("Team Jorge") qui aurait notamment officié durant des élections en Afrique. 

"Allégations fausses", selon Rachid M'Barki...

Incriminé par l'enquête de presse selon laquelle il aurait été utilisé par "Team Jorge" comme un exemple de "journalistes capables d'être activés" pour diffuser des informations, Rachid M'Barki a rejeté des "allégations fausses". Dénonçant un "lynchage médiatique en règle", il a affirmé être "spectateur de [sa] mise à mort professionnelle".

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Sans remettre en cause le bien-fondé de l'enquête, l'ex-journaliste de BFMTV a affirmé "être amalgamé" à une affaire le dépassant. Réfutant toute transmission de textes "clés en main" ou d'"images passées en douce", Rachid M'Barki a défendu son travail effectué, selon lui, "en toute transparence". Allant plus loin, l'ex-journaliste de BFMTV a émis l'hypothèse que le journaliste Frédéric Métézeau, à l'origine des révélations en France sur "Team Jorge", aurait pu être victime de "désinformation" par cette dernière à des fins de marketing.

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... Qui reconnaît avoir utilisé des images fournies par un lobbyiste

Après son propos liminaire, les députés de la commission ont souhaité explorer les relations avec, selon les mots mêmes de Rachid M'Barki, le "lobbyiste indépendant" Jean-Pierre Duthion, à l'origine d'informations et d'images transmises à l'ex-présentateur qui a reconnu avoir parfois lui-même demandé des images au lobbyiste. Relativisant l'importance d'une source "parmi beaucoup d'autres sources" allant "des associations de quartiers" aux "conseillers de cabinets ministériels", les réponses de l'ancien journaliste de BFMTV ont suscité la circonspection des députés, notamment de Philippe Brun (Socialistes).

Relancé également par le président de la commission Jean-Philippe Tanguy (Rassemblement national), Rachid M'Barki a, à demi-mots, admis une "erreur" dans la diffusion d'images qu'il a qualifié "neutres", mais dont la provenance n'avait pas été indiquée : "Peut-être aurait-il fallu cette mention. Elle n'y figurait pas. C'est peut-être une erreur de ne pas l'avoir fait. Était-ce mon erreur, ou celle de la hiérarchie ?"

Afin d'obtenir une vision globale de l'affaire, les députés de la commission d'enquête poursuivront leurs travaux demain à 11 heures avec l'audition de Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV.