Violences lors des manifestations : la commission des lois demande une commission d'enquête

Actualité
par Maxence Kagni, le Mercredi 3 mai 2023 à 14:49, mis à jour le Jeudi 4 mai 2023 à 10:29

La commission des lois de l'Assemblée nationale a voté en faveur de la demande des groupes "Renaissance" et "Horizons" visant à créer une commission d'enquête sur l'action des groupuscules violents qui infiltrent les manifestations. Cette demande de commission d'enquête sera examinée dans l'hemicycle mercredi 10 mai. 

Deux jours après la mobilisation du 1er Mai, marquée en marge des manifestations par des violences dans certaines grandes villes, la commission des lois de l'Assemblée nationale a validé une demande de commission d'enquête.

Les députés de la commission ont majoritairement voté, mercredi 3 mai, en faveur de la proposition de résolution "tendant à la création d’une commission d’enquête sur la structuration, le financement, les moyens et les modalités d’action des groupuscules auteurs de violences à l’occasion des manifestations et rassemblements intervenus entre le 16 mars et le 3 mai 2023, ainsi que sur le déroulement de ces manifestations et rassemblements". Pour être définitivement validée, la demande devra encore être examinée mercredi prochain, le 10 mai, dans l'hémicycle. 

Sainte-Soline, retraites, 1er mai

Les groupes Renaissance et Horizons avaient initialement déposé la proposition de résolution après les violences survenues le 25 mars à Sainte-Soline. Le texte visait également, par exemple, les "tentatives d'incendies" contre une mairie d'arrondissement à Lyon et contre le tribunal administratif de Nantes, ou encore les jets de cocktails Molotov sur la préfecture de l'Isère.

L'objectif des deux groupes de la majorité relative était de "faire toute la lumière sur les conditions et les moyens par lesquels des activistes et groupuscules organisent et conduisent ces mobilisations ultraviolentes, en interrogeant notamment leurs sources de financement et leurs liens avec les partis politiques institués". 

Mercredi, les députés ont adopté un amendement du rapporteur Florent Boudié (Renaissance) visant à étendre le champ de compétence de la commission d'enquête, afin d'y "intégrer, notamment, les violences commises en marge des manifestations des journées nationales d’action contre la réforme des retraites".

"Ce n'est évidemment pas les manifestants que nous visons, mais les groupes violents, organisés, qui viennent armés de bidons d'essence, de cocktails Molotov, de boules de pétanques par exemple", a expliqué le député Renaissance.

La Nupes dénonce une "opération politicarde"

La proposition de résolution a été soutenue par les groupes "Les Républicains" et "Rassemblement national", même si Julien Odoul (RN) a dénoncé les "manques" du texte, qui ne donne pas "l'identité politiques [de] ces fauteurs de troubles, [de] ces terroristes du quotidien". 

Tous les mouvements sociaux sont aujourd'hui pourris par l'extrême gauche. Julien Odoul

"Vous voulez discréditer sous des prétextes fallacieux et des amalgames grossiers la seule opposition véritable à votre autoritarisme", a reproché à la majorité le député La France insoumise Frédéric Mathieu, estimant que cette demande de commission d'enquête est motivée par des arrière-pensées politiques. 

De son côté, l'élue communiste Elsa Faucillon (Gauche démocrate et républicaine) a déploré un "discours dangereux" qui vise à "légitimer une violence disproportionnée" des forces de l'ordre. Benjamin Lucas (Ecologiste) a, quant à lui, mis en garde contre une "opération politicarde visant à détourner l'attention de ce qu'est la réalité du maintien de l'ordre dans notre pays".

Les députés La France insoumise ont tenté de changer l'objet de la commission d'enquête, en redirigeant ses travaux sur "la brutalité excessive du maintien de l’ordre à l’encontre de manifestants, de grévistes, de syndicalistes, de journalistes et de la jeunesse mobilisés contre la réforme des retraites". En vain.

Pardon, ce n'est pas une commission d'enquête qu'il faudrait, c'est changer de ministre de l'Intérieur. Benjamin Lucas